Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous avons vue naguère sur son vénérable visage. Seul il songeait encore à celui dont le nom, prononcé à l’improviste, avait produit une sensation si pénible, une heure auparavant, parmi les hôtes de Penhoël. Mais le cœur de l’oncle Jean n’oubliait jamais l’absent, et il fêtait silencieusement au fond de son âme aimante et bonne ce jour anniversaire du départ de l’aîné de Penhoël.

Tout le reste de l’assemblée s’occupait énormément de l’étranger. L’homme de loi et le bon maître d’école le considéraient avec cette attention curieuse que nos badauds de Paris mettent à lorgner un Éthiopien ou un O-jib-be-was. Les jeunes filles admiraient sa tête expressive et belle. Roger voyait, à tout hasard, en lui un héros de roman. Vincent, au contraire, éprouvait à le contempler un sentiment hostile, et tâchait en vain de s’expliquer à lui-même cette instinctive aversion.

Ses yeux allaient incessamment de l’étranger à Blanche de Penhoël, comme s’il eût redouté pour l’enfant un danger inconnu…

— À votre santé, mon cher hôte ! dit Robert en portant son verre à ses lèvres ; et, pour la centième fois, recevez mes actions de grâces… Sans vous, Dieu sait où je serais à cette heure !