Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/182

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— Monsieur, dit-il en s’adressant à Robert, tout le monde ici aime le chef de la maison de Penhoël… Je ne suis que le cadet… et le jour où Louis voudra revenir, je lui rendrai avec joie la place de notre père.

L’oncle Jean avait quitté sa place et faisait d’un pas chancelant le tour de la table pour se rapprocher de l’étranger. On entendait le bois de ses sabots résonner contre les dalles, et les longs cheveux blancs qui couronnaient son front vénérable tombaient sur la bure grossière de sa veste de paysan.

— Bien parlé, mon neveu !… dit-il en touchant la main de René qui détourna les yeux ; Dieu vous bénira, car vous êtes un digne fils de Penhoël… Moi, je ne suis qu’un pauvre vieillard, poursuivit-il en se tournant vers le jeune M. de Blois, mais j’aimais mon neveu Louis comme on aime le plus cher de ses enfants !… Parlez, monsieur… Est-ce une bonne nouvelle que vous apportez ?… ou me faut-il prendre le deuil jusqu’au dernier jour de ma vie ?…

Robert entendit un soupir d’angoisse soulever la poitrine de Madame.

Penhoël l’entendit aussi, peut-être, car il se pencha en avant, puis en arrière, pour interroger le visage de Marthe. Mais le jeune M. de Blois, soit hasard, soit bonne volonté, fit deux mouve-