Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/19

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de quoi poursuivre notre voyage… nous n’avons pas de quoi rebrousser chemin… Il faut nous établir ici.

— Je ne demanderais pas mieux, commença Blaise.

— Ne m’interromps pas… Paris est bon pour les folies, et les voyages conviennent aux jeunes gens. Mais te voilà qui arrives à la maturité, ami Blaise… et moi, je suis plus vieux que mon âge.

— D’où il faut conclure, murmura l’Endormeur, qu’il y aurait pour nous avantage à devenir des provinciaux paisibles et payant de notables contributions… Je suis de ton avis.

— Moi, je te dis de me laisser poursuivre… Nous sommes venus en Bretagne sur sa réputation de bonne foi antique et de patriarcale loyauté… De loin, j’avoue que je la regardais comme une terre promise… j’ai perdu là-dessus quelques illusions… Mais, en somme, si nous n’avons rien gagné, c’est que nous n’avons rien risqué… J’attendais une occasion… je cherchais… nous étions trop riches… Aujourd’hui nous sommes dans cette excellente situation qui gagna toutes les grandes batailles : il nous faut vaincre ou mourir !

Il éleva l’extrait du rôle des contributions au-dessus de sa tête.