Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/207

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tendaient que le nabab avait l’âme dure comme les diamants de sa boîte de sandal, et qu’il éprouvait un plaisir cruel à broyer sous ses pieds le bonheur d’une femme. D’autres affirmaient qu’il aimait un être mystérieux, caché à tous les regards.

Pour les uns, il était froid comme un Antinoüs de marbre ; pour les autres, il était jaloux comme Othello…

Pour tous, le secret de son existence avait, sur le chapitre des femmes, quelque chose de sombre et de terrible…

Mais il y avait une bien autre énigme ! Ces femmes elles-mêmes, qui pouvait les retenir ainsi cloîtrées dans un pays libre ? Était-ce l’avidité ou l’amour ?…

Quant à la moralité de ce luxe fantastique, il y avait une chose désolante. Montalt n’avait pas même, pour son sérail, l’excuse de la religion. Il ne connaissait point Mahomet, et se déclarait aussi bon calviniste que le doyen de Saint-Paul.

Les ladys blâmaient énergiquement et se déclaraient choquées, ce qui est le suprême plaisir des ladys ; mais elles s’occupaient outre mesure du major Berry Montalt, et chacune d’elles pouvait se persuader, in petto, que si le nabab avait eu le bonheur de posséder Sa Seigneurie pour