Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/225

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— Est-ce parce que vous êtes pauvre ? poursuivit Montalt dont la voix s’adoucissait jusqu’à devenir paternelle.

La joue du jeune matelot se couvrit de rougeur.

— Vous m’avez sauvé la vie…, dit-il comme pour excuser auprès de lui-même ce que pouvait avoir de blessant cet interrogatoire.

Ses yeux ne se relevèrent point, mais sa physionomie était un livre ouvert où s’écrivait lisiblement sa pensée.

Comme Montalt ne répétait point sa question, il répondit enfin à voix basse :

— On ne se tue pas pour cela !…

— C’est vrai, dit Montalt. Mais pourquoi ?…

La tête du jeune matelot s’inclina sur sa poitrine.

Montalt attendit un instant ; puis il poursuivit encore :

— Vous êtes Breton ?

— Oui.

— On dit que les Bretons aiment leur pays, et voilà bien peu de temps que la France est en paix avec l’Angleterre… Comment se fait-il que vous soyez sur un navire anglais ?

Cette fois, le matelot répondit sans hésiter :

— Quand je quittai mon père, ce fut pour