Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/237

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« J’entendais, tout près de mon oreille, son souffle égal et doux ; je comptais les battements de son cœur…

« Les instants s’écoulèrent. La nuit avançait. Les voix rieuses des convives n’arrivaient plus jusqu’à nous.

« Nous étions seuls, mon sang brûlait mes veines…

« Blanche dormait toujours, et mes yeux habitués à l’obscurité la voyaient sourire à son rêve.

« Je ne sais si mon oreille me trompa. Jamais je ne lui avais dit mon amour ; et pourtant, il me sembla l’entendre prononcer mon nom dans son sommeil… »

Vincent tremblait et ses jambes manquaient sous le poids de son corps. Le nabab demeurait immobile, mais de grosses gouttes de sueur sillonnaient son front et ses tempes.

Vincent n’y prenait point garde.

« — Le démon !… le démon !… murmura-t-il avec égarement ; le démon prit mon âme !… Dieu m’abandonna… je me levai…, mes lèvres touchèrent les lèvres de Blanche…

« Blanche dormait toujours…

« Oh ! pourquoi la foudre ne m’a-t-elle pas frappé en ce moment ?

« La pauvre enfant s’éveilla entre mes bras