Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/239

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nabab en secouant son bras avec une violence terrible ; saviez-vous à quoi vous vous exposiez en venant jusque chez moi me dire que je suis un lâche et un infâme ?…

— Vous !… balbutia Vincent stupéfait.

— Moi !… moi !… répéta Montalt avec force.

Puis sa voix faiblit, épuisée, tandis qu’il ajoutait :

— Tout cela est vrai !… tout cela est bien vrai !…, elle était plus belle que les anges !… et le démon me frappa de folie… Mais n’ai-je donc pas encore assez souffert pour expier mon crime ?…

Vincent croyait rêver ; plus il s’efforçait de comprendre, plus la nuit se faisait épaisse dans son esprit.

Montalt lui lâcha le bras tout à coup, et se laissa tomber anéanti sur son divan.

Il resta là sans mouvement pendant plus d’une minute ; puis il tressaillit comme on fait à un brusque réveil.

— Laissez-moi !… dit-il à Vincent.

Le jeune marin s’éloigna aussitôt.

Quand il fut parti, Montalt mit ses deux mains sur son cœur qui défaillait ; un gémissement sourd sortit de sa poitrine.

Puis il fit un effort pour se lever, et gagna en chancelant un meuble de forme étrangère, qu’il