Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/242

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deux collines au passage de Port-Corbeau. Le ciel était noir. La nuit venait, pesante et chaude, après une étouffante journée.

À mesure que l’ombre devenait plus épaisse, on voyait s’allumer des lueurs le long de ce cordon de petites montagnes qui font une ceinture aux marais de Glénac.

Ces lueurs pouvaient se compter par le nombre des bourgs riverains du marais. Chaque paroisse avait la sienne. Un étranger, arrivant de Redon par la route de la Gacilly, aurait pu penser que cinq ou six incendies s’étaient allumés à la même heure dans tous les villages du canton.

Mais, pour les gens du pays, ces lointaines lumières n’avaient rien de sinistre. Elles signifiaient, au contraire, ébattement et bombance ; pour les bons gars, course à l’oie, papegault[1], lutte corps à corps et guerre des fouets ; pour les filles, concert solennel et danses sur la place de la mairie ; pour tout le monde, le tonneau de cidre, orné de fraîches ramées de châtaigniers, mis en perce devant la porte de l’église.

C’était le 25 août 1820. On fêtait la Saint-Louis, en l’honneur du roi Louis XVIII.

  1. Tir au fusil.