Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/250

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manoir, riche encore et respecté, mais ceux qui avaient connu l’absent disaient tout bas que la vraie gloire de Penhoël était morte…

Au moment où l’on avait allumé le feu de joie, les nobles hôtes du manoir avaient daigné se mêler, suivant la coutume, aux danses villageoises ; puis la fête s’était séparée en deux camps : paysans et paysannes avaient continué de sauter dans l’aire, tandis que les cavaliers de bonne maison continuaient le bal avec leurs dames dans un salon de verdure, ménagé au milieu du jardin.

Notre ami Blaise, le teint fleuri et la mine imposante, présidait à la fête villageoise. Tout le monde l’appelait M. Blaise bien respectueusement ; il portait un costume d’apparat qui ressemblait plus à l’habit d’un homme comme il faut qu’à la livrée d’un domestique. Tandis qu’il dominait les paysans de l’aire de toute la hauteur de son importance, son maître, M. Robert de Blois, était, dans le jardin, le roi du bal.

Personne, en vérité, ne pouvait lutter avec lui d’élégance et de belles manières. C’était lui qui donnait les ordres et qui faisait les honneurs. René de Penhoël ne paraissait point, et personne ne songeait à s’en inquiéter.

M. de Blois était là ; pouvait-on souhaiter un autre amphitryon ? Il se multipliait ; il se mon-