Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/259

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Il aimait Diane, Diane l’aimait. Ils ne se parlaient jamais d’amour.

Dans les longues causeries qu’ils cherchaient et qui les faisaient heureux, ils n’avaient guère qu’un seul sujet d’entretien. C’était un choix bizarre ; ils causaient de Paris.

L’artiste sans souci enseignait la grande ville à la jeune fille de Bretagne.

La jeune fille écoutait, curieuse, émue. Ce n’était jamais elle qui changeait de conversation, et c’était toujours elle qui ramenait la première le nom de Paris pour interroger, pour savoir…

Ses yeux brillants s’animaient. Il y avait en elle un secret dont Étienne n’avait point sa part.

Paris ! c’était un conte de fées ! la ville où la femme est reine, où les rêves se réalisent, où le vrai touche au merveilleux, où nulle espérance n’est folle !

Étienne disait parfois en finissant :

— On y souffre comme ailleurs, Diane… plus qu’ailleurs… et Dieu veuille que vous gardiez toujours votre douce vie de Bretagne !

Diane ne répondait point. Elle retournait auprès de sa sœur dont la nature, moins réfléchie, avait aussi moins d’audace, mais qui pourtant se laissait prendre aux fougueuses imaginations de Diane.

Paris ! Paris ! c’était leur songe aimé…