Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/36

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Il y avait bien longtemps que la pauvre Lola marchait ainsi chaque jour, et que les cailloux des routes de Bretagne faisaient saigner ses petits pieds charmants.

Chaque fois que Robert s’arrêtait auprès du lit, il restait trois ou quatre secondes en contemplation devant la beauté de la jeune femme. Son regard semblait compter les bruns anneaux de la luxueuse chevelure qui s’éparpillait sur l’oreiller de Lola. Il admirait d’un œil connaisseur l’ovale pur et gracieux de son visage, la frange riche de ses cils, et ce bel abandon que le sommeil gardait à sa pose.

Mais, dans la contemplation de Robert, il n’y avait pas un atome d’amour. Sa prunelle restait froide, et vous eussiez dit quelque marchand d’esclaves détaillant les suprêmes beautés d’une almée à vendre sur le pont d’un corsaire de Turquie.

Quand il laissait retomber le rideau, un sourire content mais fugitif errait autour de sa lèvre.

Puis ses réflexions se renouaient, craintives et agitées ; sa paupière frémissait à son insu ; son regard s’agitait, cauteleux et inquiet.

La porte s’ouvrit, donnant passage à l’aubergiste et à Blaise.

Au bruit qu’ils firent en entrant, la physiono-