Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/69

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min, et le triste état où nous sommes n’inspirera plus que de la sympathie…

— C’est pourtant vrai, dit l’Endormeur. Je ne sais pas si tu as ton pareil sous la calotte des cieux, M. Robert !

Un mouvement que fit Lola derrière ses rideaux sembla changer brusquement le cours des idées de l’Américain.

— Cours après M. Géraud, s’écria-t-il ; où diable avais-je l’esprit ?… Je n’ai commandé que deux chevaux, et il nous en faut trois !

Le front de Blaise se rembrunit.

— Voilà l’écueil ! murmura-t-il. Sans cette femme-là, tu serais le Napoléon de la chose !… Au nom de Dieu ! que veux-tu que nous fassions d’elle, là-bas avec ces bonnes gens ?

— Va commander un troisième cheval !

Blaise hocha la tête d’un air de mauvaise humeur, et se dirigea néanmoins vers la porte, afin d’obéir.

Mais, avant qu’il eût passé le seuil, l’Américain parut se raviser.

— Reste ! dit-il. Au fait, on peut attendre jusqu’à demain ; ça nous dispensera de régler notre compte avec ce vieil innocent de père Géraud…

— Mon opinion, répliqua l’Endormeur, est que nous pourrions bien la laisser ici tout à fait,