Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/74

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le paysage, et jamais il ne faut plus d’une nuit.

C’est par la tranchée du Port-Corbeau qu’arrivent les principaux affluents de cette petite mer : l’Oust et la Verne réunies.

L’Oust est une tranquille rivière, dont le cours se déroule en anneaux de serpent et qui semble copier les méandres de la Seine ; mais la Verne, qui descend du haut pays, s’enfle à la moindre pluie et change son mince filet d’eau, chaque automne, en torrent redoutable.

À partir de l’étang où elle prend sa source, à quelques lieues de là, jusqu’au Port-Corbeau, la nature montueuse du terrain défie l’inondation ; mais, une fois passée la double colline, toute défense cesse et l’eau victorieuse ne trouve plus un seul obstacle. L’Oust et la Verne franchissent en bouillonnant la gorge trop étroite et s’élancent dans la plaine, où les troupeaux fuient devant elles.

À l’heure de ces crues périodiques et si rapides, un messager à cheval part des sources de la Verne et devance au grand galop la marche de l’inondation. Il court le long des rives de la petite rivière et arrive jusqu’à la porte du marais, où sa trompe lugubre annonce de loin l’eau menaçante.

Une demi-heure après que la trompe a sonné, un grand bruit se fait dans la gorge et une nappe