Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous parlerai point des signatures fausses… Ne craignez rien ; personne ne nous écoute !… Je voulais vous demander seulement s’il vous reste beaucoup d’argent sur le prix de la forêt de Quintaine.

La tête de Penhoël se pencha sur sa poitrine.

— Oh ! la veine !… la veine !… murmura-t-il en crispant ses doigts autour des bras de son fauteuil, je viens de perdre mon dernier louis !

— Et pourtant vous voulez jouer encore ?

— Je veux gagner !

— Mais si vous perdez ?

— Je veux gagner ! vous dis-je, s’écria le maître en se redressant tout à coup. Blanche de Penhoël est-elle faite pour mendier son pain, monsieur ?… Je veux regagner mes forêts, mes étangs, mes métairies !… et avec cela tous les biens que Pontalès a volés à mon père !…

— Je donnerais mon bras droit pour que cela pût arriver, Penhoël !… Mais si vous n’avez plus d’argent…

— Il faut vendre !… Aussi bien Lola veut faire venir de Rennes une nouvelle parure…

— Vendre !… répéta l’homme de loi, qui se fit une mine plus allongée encore que de coutume : pour vendre, il faut avoir.

René tressaillit et le regarda en face.