Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/152

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déjà qu’il n’était plus de ce monde, d’autant mieux qu’il avait placé lui-même sur sa poitrine le crucifix de bois noir qui garde contre les influences du malin esprit la couche froide des trépassés.

Une chandelle de résine, mince et fumeuse, était fichée dans la muraille à son chevet, un peu en arrière du lit ; ses traits amaigris s’éclairaient à revers, et les saillies osseuses de son visage jetaient des ombres profondes.

Cyprienne était toute pâle et tremblait à le regarder.

La lumière de la résine n’éclairait guère que le grabat et un billot de bois sur lequel reposait un pot d’eau bénite avec son goupillon. Le reste de la chambre se perdait dans une demi-obscurité d’où sortaient çà et là, quand la résine crépitante jetait une flamme plus vive, les misérables objets qui composaient le mobilier du passeur.

Au dehors l’air était lourd ; dans la loge on respirait à peine : l’atmosphère se chargeait de ces miasmes tièdes et froids qui semblent exhaler l’agonie.

Diane se tenait debout auprès du lit de Benoît Haligan.

Cyprienne s’était assise un peu à l’écart, et mêlait un breuvage dans une petite écuelle de faïence.