Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/166

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maintenant séparés d’elles que par les basses branches des châtaigniers.

Les deux jeunes filles écartèrent doucement les rameaux, et mirent leurs têtes entre le feuillage. Elles ne virent rien d’abord, mais le son des voix les guidait, et à force d’interroger l’obscurité, elles aperçurent trois ombres qui s’agitaient à quelques pas d’elles.

Elles reconnurent M. le marquis de Pontalès, Robert de Blois, et Blaise, le domestique de ce dernier.

C’était Blaise qui avait prononcé à plusieurs reprises le nom des deux sœurs.

L’Endormeur n’était plus tout à fait le joyeux coquin que nous avons vu à l’auberge de Redon. Il avait attendu trois ans à l’office, tandis que son camarade Robert, dit l’Américain, se prélassait superbement au salon. Cette longue attente lui avait fait le caractère hargneux et l’humeur acariâtre. Il avait pris en outre les vices de l’antichambre, car on n’est pas valet en vain, même pour la montre. Blaise s’était fait insolent, méchant, important, menteur, et il était resté voleur.

Point n’est besoin de dire qu’il détestait son prétendu maître. Il détestait en outre Pontalès, à cause de sa fortune ; il détestait l’oncle Jean, que ses gros sabots et sa pauvreté n’empêchaient