Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vre fou !… Quand je suis auprès d’elle, je ne sais plus qu’admirer et croire… Son sourire est si pur, et on voit si bien son cœur sur son visage… J’ai honte de mes soupçons.

— Tu as donc des soupçons ?… demanda tout bas Étienne.

Roger baissa les yeux et ne répondit pas tout de suite.

— Que sais-je ?… s’écria-t-il enfin en appuyant sa main contre son front mouillé de sueur. Je ne suis pas fou, et je ne rêvais pas… j’ai vu…

Il hésita.

— Qu’as-tu vu ?… demanda Étienne.

Et comme Roger se taisait encore, il ajouta d’un accent triste et lent :

— Tu peux parler… j’ai vu, moi aussi, bien des choses !

Roger le regarda avec une sorte d’effroi. On eût dit qu’il avait gardé un vague espoir de s’être trompé, et qu’il redoutait par-dessus tout la certitude.

— Je ne parle pas de Cyprienne, répondit le peintre ; mais Diane a un secret… Il y a longtemps que je le sais.

— Et ce secret ?…

— J’ai confiance, parce que j’aime… Jamais je n’ai cherché à le surprendre.