Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/192

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composition, fit, semblant de ne pas les reconnaître.

Il salua respectueusement Robert, et entra le premier dans le bac.

— Je connais un peu les habitudes des chers petits anges, murmura-t-il ; je les rencontre souvent au clair de lune, quand je me promène, la nuit, pour ma santé… Elles auront passé l’eau dans leur batelet, qui doit être amarré là-bas sous les saules.

Robert s’était rapproché de Blaise.

— Eh bien ?… demanda-t-il tout bas.

— Un cœur de pierre !… répliqua le gros garçon. Dur comme une lame de poignard !… Je ne le croyais pas si fort que cela !

— Tant mieux !… dit Robert.

Bibandier s’était emparé de la perche du passeur. Au lieu de se diriger vers la route de Redon, qui lui faisait face, il remonta un peu le courant, pour gagner un rideau de saules qui baignaient leurs basses branches dans la rivière.

À l’aide de sa perche, il écarta le grêle feuillage et finit par rencontrer, après deux ou trois tentatives inutiles, un objet qui sonna contre le bois de sa gaffe.

— Qu’est-ce que je disais ? s’écria-t-il joyeusement ; perchez un peu, s’il vous plaît,