Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/209

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Le péril était en arrière comme en avant, et les chances de salut se trouvaient tout entières du côté du crime.

Une fois qu’on eut pris terre de l’autre côté de l’eau, Bibandier fut choisi tout d’une voix pour diriger les opérations. Ce n’est point déroger que de servir sous les ordres d’un glorieux général. Pontalès était marquis, Robert se disait gentilhomme, et Bibandier n’était qu’un simple échappé de bagne ; mais l’histoire est pleine de ces exemples, où l’on voit des princes céder le commandement à de vaillants officiers de fortune.

Bibandier se montra tout de suite à la hauteur de son autorité nouvelle. Son premier soin fut de se raviser au sujet du petit bateau qui avait servi au passage des deux filles de l’oncle Jean.

— Nous allons avoir besoin de ce joujou, dit-il en saisissant la perche du bac.

Et il se mit à courir le long de la rive jusqu’à ce qu’il eût atteint le batelet, entraîné par le courant. Il s’accrocha au moyen de sa perche et l’amarra ; au-dessous de la route de Redon, à l’un de ces mêmes saules qui avaient servi de refuge à Robert et à Blaise, la nuit de leur arrivée à Penhoël.

Puis il revint vers sa troupe tranquillement et sans se presser.