Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/217

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faites-moi le plaisir de me souhaiter bon voyage… Je vais partir.

— Pas seul !… s’écria Robert, qui concevait de vagues soupçons ; il faut que Blaise au moins vous accompagne !

Blaise fit la grimace dans son coin, mais il n’eut pas même la peine de refuser.

— Le petit bateau ne porterait pas quatre personnes…, objecta Bibandier sans rien perdre du calme singulier, mêlé d’une nuance de moquerie, qu’il gardait depuis le commencement de l’aventure ; je veux bien noyer mon prochain, mais le suicide répugne à mes principes.

Il entra dans la barque et mit un soin scrupuleux à écarter les deux jeunes filles, de droite et de gauche, pour pouvoir manœuvrer sans leur faire de mal.

— Les deux petits chérubins seront là comme dans leur lit ! dit-il en donnant au fond de l’eau son premier coup de perche.

Personne, parmi les quatre complices du crime, ne pouvait se défendre d’un serrement de cœur. Tous les yeux se fixaient, par une sorte de fascination, sur les deux pauvres enfants couchées dans le bateau. La gaieté du uhlan assombrissait encore le caractère atroce de cette scène.