Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/27

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— Chacun dans le pays sait cela, reprit le peintre, les plus pauvres comme les plus riches. Il y a un grand malheur sur la maison de Penhoël… Dieu se sert parfois du faible courage d’un enfant pour combattre la force des méchants…

Étienne s’interrompit brusquement et sa voix, qui était lente et rêveuse, se fit brève tout à coup et décidée.

— Et puis, que m’importe tout cela ? s’écria-t-il. Je faisais un songe charmant… Le réveil est venu… Que Diane soit ceci ou cela, un ange ou une pécheresse, je la verrai demain pour la dernière fois.

— Que dis-tu là ?… demanda Roger en tressaillant.

Ils étaient arrivés sur la terrasse qui bordait la rampe descendante au passage de Port-Corbeau. Ils s’arrêtèrent d’un commun accord, et le peintre s’accouda contre la balustrade de pierre.

— Ce matin, reprit-il, M. Robert de Blois, qui paraît être maintenant le maître au manoir, m’a payé mes travaux et m’a fait entendre qu’on n’avait plus besoin de moi.

— Mais Penhoël !… s’écria Roger, qui saisit la main de son ami ; tu aurais dû voir Penhoël.

— J’ai vu Penhoël, répliqua Étienne, dont