Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/31

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mer les yeux, et attendre comme le condamné à qui la suprême pitié de la loi met un bandeau sur la vue…

C’était quelques instants après l’accident qui avait troublé le bal, au salon de verdure. Le bon oncle Jean, Madame et Blanche venaient d’arriver dans la chambre de cette dernière.

Blanche était pâle encore, et semblait prête à perdre de nouveau ses sens.

Madame, qui l’avait assise dans une bergère, l’entourait de ses bras. La pauvre femme essayait de sourire, mais il y avait sur son visage un découragement mortel.

L’oncle Jean s’était arrêté au seuil de la porte. L’effort qu’il avait fait pour soutenir la jeune fille avait ramené sur sa joue les mèches légères et blanches de sa chevelure. La mélancolie douce, qui était d’ordinaire sur ses traits, faisait place à une profonde désolation.

Il regardait les deux femmes, et ses yeux étaient humides.

L’évanouissement tout seul ne pouvait avoir produit ces émotions poignantes, et derrière le hasard de cet événement, il devait y avoir bien d’autres douleurs anciennes et cachées.

Blanche renversait sur le dos de la bergère sa tête charmante, dont les contours délicats et purs semblaient taillés dans de l’albâtre.