Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/37

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chose tressaille en moi : mon souffle s’arrête et le cœur me manque…

Elle s’arrêta pour cacher sa tête charmante dans le sein de sa mère, et ajouta tout bas :

— Oh ! quelquefois j’ai peur… grand’peur !

Le regard de Madame se perdait dans le vide. Les paroles de l’Ange glissaient sur son esprit inattentif. Elle n’écoutait pas.

Pendant le court silence qui suivit, le rouge et la pâleur se succédèrent plusieurs fois sur sa joue. À deux ou trois reprises, elle ouvrit la bouche comme si une question se fût pressée sur sa lèvre.

Elle n’osait pas.

Au bout de quelques secondes, elle serra sa fille contre sa poitrine avec une sorte de brusquerie. Un effort soudain qu’elle fit sur elle-même donna une apparence de gaieté vive à sa physionomie.

— Causons !… dit-elle. Te voilà comme autrefois sur mes genoux, Blanche !… Te souviens-tu que tu aimais à t’endormir ainsi tous les soirs ?

— On est si bien auprès de ton cœur !… murmura l’Ange en fermant ses paupières à demi, et en reposant sa prunelle limpide sur les yeux de sa mère.

— Avant de t’endormir, poursuivit Madame, tu me disais tout ce que tu avais fait dans la