Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et franche n’avait rien d’emprunté. La famille était heureuse alors. Madame avait bien quelque peine cachée ; le maître montrait bien parfois des inquiétudes et des soupçons inexplicables, mais, en somme, le seul mal que connussent les hôtes du manoir était l’ennui monotone et austère.

Maintenant tout avait bien changé ! À ce calme plat de la vie campagnarde, où l’existence est une longue apathie et où l’on arrive à la vieillesse avant d’avoir vécu, avait succédé comme une sourde tempête.

Au dehors, il n’en paraissait trop rien. C’est à peine si quelques symptômes vagues laissaient deviner aux bonnes gens d’alentour la mortelle fièvre qui minait la race de Penhoël.

Au dedans même, tous ne comprenaient pas également la gravité du mal. Mais Cyprienne et Diane avaient surpris, par hasard d’abord, puis par l’effet de leur volonté, des secrets terribles.

Elles voyaient, engagée auprès d’elles, une lutte ténébreuse dont le résultat devait être la ruine et le déshonneur de Penhoël…

D’un côté se réunissaient, ligués par l’intérêt, Robert de Blois, maître le Hivain, le vieux marquis de Pontalès et d’autres alliés subalternes, tous gens actifs et âpres à la curée, tous habiles,