Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/64

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puissant ; on pouvait approcher du roi, dont elles entendaient parler avec une religieuse emphase, et dont le pouvoir leur semblait égal à celui d’un dieu.

On y arrivait pauvre ; on en ressortait chargé d’or…

Et leurs mains frémissaient d’envie à la pensée de cet or conquis, non pas pour elles, les pauvres enfants, mais pour Penhoël, que n’oubliaient jamais leurs âmes dévouées…

Hélas ! il y avait si loin de Glénac jusqu’à Paris ! Et puis, il aurait fallu abandonner leur tâche, déserter le poste qu’elles s’étaient assigné, quitter leur vieux père, et Madame, et l’Ange, qu’elles devaient défendre et protéger.

C’était impossible !

Pourtant elles y songeaient sans cesse, car, à leur âge, l’impossible n’arrête jamais le désir ; elles nourrissaient avec amour de folles idées qui leur semblaient être le comble de la sagesse ; sur des bases naïvement insensées, elles bâtissaient de beaux plans raisonnables.

Et, comme elles avaient entendu dire que l’art était un sûr moyen de vaincre dans ce grand tournois, si confus et si brillant à leur pensée, elles quittaient leurs couches bien souvent dès l’aube pour se glisser dans le salon de