Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/79

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Cyprienne arrêta au passage les paroles qui allaient s’échapper de sa lèvre. Les deux sœurs s’aimaient trop pour qu’il n’y eût pas entre elles égalité parfaite ; néanmoins, à cause de cette tendresse même, Cyprienne reconnaissait volontiers la prudence supérieure de Diane, et ne refusait jamais de se laisser guider par elle.

Lorsque Cyprienne se laissait emporter par la fougue étourdie de sa nature, un mot de Diane suffisait toujours pour la retenir.

L’attention de Madame était cependant excitée vivement. Elle attendait, les yeux fixés sur Cyprienne. Comme celle-ci gardait le silence, Marthe tourna vers Diane son regard où il y avait une défiance mêlée de reproche.

— Votre sœur allait m’avouer la vérité…, dit-elle ; vous êtes experte aux belles protestations, Diane… mais il ne faut pas toujours vous croire.

Cyprienne, qui était toujours à genoux, se dressa sur ses pieds, le rouge au front. Ses jolis sourcils se froncèrent.

— Oh !… dit-elle en contenant sa voix, si une autre que vous, madame, accusait ma sœur de mensonge…

Marthe de Penhoël eut comme un sourire à voir l’élan de cette ardente affection.

— J’ai tort…, murmura-t-elle, et vous avez raison de vous aimer, mes filles.