Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/93

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s’arrêtèrent toutes deux d’un mouvement brusque et commun.

Elles prêtèrent l’oreille.

Des voix se faisaient entendre sur la terrasse, et quelques mots descendaient jusqu’à elles.

Elles relevèrent la tête. La saillie de la muraille leur cachait les illuminations du jardin ; mais les mille feux allumés le long des allées mettaient un rayonnement dans l’atmosphère épaisse et lourde. Il y avait comme un fond lumineux derrière la ligne noire de la terrasse.

Sur ce fond, Cyprienne et Diane virent se détacher deux têtes connues. C’étaient Étienne et Roger qui poursuivaient là leur conversation, entamée dans le jardin.

Nous savons que les noms des deux filles de l’oncle Jean revenaient bien souvent dans leur causerie. Diane et Cyprienne ne pouvaient saisir le sens des paroles, mais elles entendaient leurs noms prononcés, et toutes deux restaient.

Elles étaient bien jeunes. À l’âge qu’elles avaient, il faut peu de chose pour faire diversion aux préoccupations les plus graves.

À se voir ainsi, par hasard, aux écoutes, la gaieté naturelle de leur caractère revenait au galop. Quand c’était Roger qui parlait, un sourire se jouait autour des jolies lèvres de Cyprienne ; quand la voix d’Étienne se faisait en-