Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/99

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presque chaque soir s’agenouiller à la place occupée jadis par son vieux maître.

Benoît trouvait là ce qu’il aimait : une nature grande et sombre, des souvenirs tristes et des pensées de mort.

Maintenant que la maladie et la vieillesse le clouaient à son grabat, ce qu’il regrettait le plus au monde, c’était l’heure qu’il passait tous les soirs, autrefois, à genoux au pied de la Tour-du-Cadet.

Cyprienne et Diane venaient de percer l’enceinte de feuillage. Elles étaient assises sur le banc de gazon.

— Dieu m’est témoin, disait Cyprienne, que je n’ai jamais eu la pensée de reculer !… mais nous sommes trop faibles, ma pauvre sœur, et ils sont trop puissants… Un instant j’ai cru que nous avions réussi à les effrayer en faisant courir le bruit du retour de notre oncle Louis… L’amour que tout le pays porte à l’aîné de Penhoël est si grand !… Ils se sont arrêtés ; ils ont hésité durant quelques jours… Hélas ! notre oncle Louis n’est pas revenu, et ils ont oublié leur épouvante… Que faire désormais ?… Nous avons épuisé toutes nos ressources ! Nos efforts ont pu retarder un peu le coup qui menace Penhoël… mais, à mesure que nous détruisons une arme prête à le frapper, une arme nouvelle est