Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 5, 1850.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
106
LES BELLES-DE-NUIT.

Il faut bien laisser quelque chose à ce bon gros garçon de Blaise, qui ne fait œuvre de ses dix doigts, pour continuer son rôle de domestique de bonne maison… Quant à l’expédition de demain matin, elle est encore dans les futurs contingents, et il faut attendre pour en juger les résultats… Mais ce dont je me vante, mes excellents amis, c’est d’avoir fait une bonne action qui réjouit ma conscience.

Il se renversa sur le dos de son fauteuil et prit un accent théâtral :

— Il y avait un pauvre ménage, réduit au dernier degré de la misère… et nous avions bien contribué un peu à cette misère-là, tous tant que nous sommes… Ce que j’ai fait aujourd’hui doit calmer à jamais tous nos remords. Je suis arrivé au moment où le mari avait allumé un réchaud au milieu de la pauvre retraite ; je suis entré comme un bon ange, j’ai rendu le souffle à leurs poitrines étouffées. Je les ai pris chacun sous un bras, tout déguenillés qu’ils étaient, et je les ai fait monter dans ma propre voiture.

— Ah ! dit Bibandier sans rire ; saint Vincent de Paule n’est pas grand’chose auprès de toi, M. Robert !

— Je les ai conduits auprès d’ici, reprit ce dernier, dans un hôtel décent… Je leur ai fait