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LES BELLES-DE-NUIT.

C’était une femme de grande taille, qui pouvait avoir quarante ans à peine, mais dont la peau cuivrée était déjà sillonnée de rides.

Les domestiques de l’hôtel la craignaient. On l’accusait d’avoir empoisonné, à Londres, un groom mulâtre de milord, qui l’avait abandonnée après avoir été son amant.

Mais elle semblait dévouée à Mirze, et Mirze avait conservé sur l’esprit du nabab ce pouvoir que donne l’habitude.

Nawn n’avait point été chassée, bien que les deux noirs du nabab prétendissent l’avoir vue verser quelque chose de diabolique dans le dernier verre d’ale du pauvre mulâtre défunt.

Au bout de deux ou trois minutes, les yeux baissés de Nawn se relevèrent lentement. Ses membres étaient toujours immobiles, mais ses prunelles, noires comme le jais, se prirent à rouler avec vivacité, comme si elle eût voulu embrasser d’un seul coup d’œil toute l’étendue de la chambre.

Quand cet examen rapide l’eut bien convaincue qu’elle était seule, son regard inquiet se porta sur Blanche endormie.

Les paupières de la jeune fille étaient bien closes. De ce côté encore, Nawn était à l’abri de toute surprise.

Elle se leva et gagna la cheminée, auprès de