Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 5, 1850.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
CHAPITRE XXIV.

nouvelles objections, Montalt le considérait, et son visage prenait une expression de tristesse.

— Vous êtes jeune, dit-il enfin, et peut-être êtes-vous un homme de cœur… Il est temps encore de vous retirer, M. de Pontalès… Mais si vous vous mettez là, devant moi, je vous préviens que mon épée ne s’arrêtera point en touchant votre poitrine… J’avais peut-être mes raisons pour épargner ces trois enfants… et peut-être en ai-je au contraire pour ne point vous épargner, vous !

Il n’y avait plus ni raillerie ni fanfaronnade dans ses paroles.

— Vous êtes habile, monsieur…, répondit Pontalès ; on fera ce qu’on pourra.

Dès les premières passes, il prouva que lui-même était singulièrement expert en fait d’escrime. Mais, au-devant de la poitrine nue de Montalt, il y avait comme un mur d’acier…

Ce n’était plus le même homme. Toute nonchalance avait disparu de sa pose. Ses yeux avaient un rayonnement sombre, et des rides se creusaient entre ses sourcils froncés.

Il rompit tout à coup, en un certain moment, et appuya la pointe de son épée contre le sol.

— Écoutez !… murmura-t-il de manière à n’être entendu que de Pontalès, ma tête s’é-