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CHAPITRE XVII.

Penhoël, le patrimoine conquis, la douce et tranquille aisance, gagnée par tant de soins et par tant de combats !

Il n’avait point changé, depuis sa première arrivée en Bretagne. Son rêve était toujours la vie paisible du propriétaire, les honneurs politiques et la gloire de clocher.

C’est une chose bizarre, certainement, mais une chose avérée. Les neuf dixièmes des voleurs de tous grades sont séduits par la pensée de cette transformation. Ils sourient à l’idée de se retirer des affaires, ni plus ni moins que les avoués ou les marchands de gilets de flanelle.

Après le travail, honnête ou non, le repos. Il y a bien des manières de se faire un sort, comme on dit, et chacun caresse l’idée de prendre sa retraite.

Une fois riche, on devient honnête homme ; on couronne sa vie de rapines par toutes sortes d’actions méritantes. Ne sait-on pas que le monde, toujours complice, prodigue à ces diables, qui se sont faits ermites sur leurs vieux jours, son estime banale et ses respects de hasard ?

Penhoël ! Penhoël ! le bon pays ! les champs fertiles, parmi les vastes landes ! le joli manoir, les eaux poissonneuses et les forêts peuplées de gibier !…