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LES BELLES-DE-NUIT.

son esprit. Le repentir était au seuil de sa conscience ; mais, d’un autre côté, une réaction lente et forte se faisait en lui contre les émotions subies depuis quelques heures.

Il voulait se persuader qu’il avait honte et pitié de lui-même, et la servitude où il tenait sa conscience lui venant en aide, il prenait sincèrement pitié de sa faiblesse.

Quand l’idée des deux jeunes filles, que le hasard avait jetées sur son chemin, venait à la traverse de sa méditation, il la repoussait avec impatience et colère.

Plus d’une fois, il fut sur le point de sonner Séid pour demander de leurs nouvelles, mais il se retint toujours.

Que lui importaient ces filles ? Pourquoi prolonger la folle comédie de la veille ?

Il se parlait ainsi, cherchant des termes de mépris pour caractériser sa conduite ; mais l’impression produite par les deux pauvres Bretonnes avait été trop vive et trop profonde pour qu’il pût la jeter, à volonté, hors de son cœur.

Il avait beau chercher à se tromper lui-même : cette impression ne pouvait être l’effet du hasard. Elle avait ses racines dans le passé ; elle était le contre-coup d’un de ces sentiments qui traversent la vie. Elle était un remords et un souvenir.