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CHAPITRE XIX.

Chacun se demandait ce que voulait dire cette mascarade.

Nos trois gentilshommes, aux aguets derrière la porte de la chambre voisine où le jeu ne fonctionnait point encore, auraient seuls pu donner le mot de l’énigme.

Le vieillard s’arrêta en face du tapis vert.

Sa taille se redressa, et sa tête relevée montra la beauté vénérable et digne d’un noble visage de sexagénaire.

— Quel est celui d’entre vous, dit-il d’une voix douce et ferme, qui se nomme Berry Montalt ?

— C’est moi, répliqua le nabab sans se retourner.

— Alors, veuillez me suivre…, reprit le vieillard. J’ai à vous parler.

Montalt ne bougea pas.

— Mon digne monsieur, dit-il seulement, je crois que je sais votre histoire. Il s’agit d’une jeune fille enlevée…

— Ma nièce…, interrompit le vieillard avec simplicité.

Un sourire courut autour de la table.

— Votre nièce, soit !… reprit le nabab, et vous venez me provoquer en duel…

— C’est vrai…, parce qu’on vous dit riche, au point de ne plus craindre les lois…

Montalt avait ouvert son calepin sur la table.