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LES BELLES-DE-NUIT.

Et il répétait d’une voix sourde :

— J’étais riche !… j’étais heureux !… j’aimais !… Qui m’a pris mon bonheur, mon amour et ma richesse ?… Elle et lui !… Oh ! cette fois, personne ne viendra… Je suis le maître !

Sa tête tournait déjà. Le brasier ne formait plus qu’un seul monceau de feu. Il avala d’un trait le reste de sa bouteille d’eau-de-vie et se laissa choir, comme une masse, sur le matelas.

Marthe avait les yeux fermés. Ses idées vacillaient et s’égaraient dans ce songe enchanté qui précède, dit-on, la mort par asphyxie.

En ce moment, comme toujours, elle était avec ses filles, la pauvre mère !

Mais, entre ses trois filles, il n’y avait plus de différence. Elle pouvait les aimer d’une tendresse égale et partager entre elles ses baisers heureux.

Oh ! les trois beaux anges, vêtus de longues robes blanches, et couronnés de fleurs !

Dieu les lui amenait par la main, et les saints du paradis souriaient à son bonheur de mère.

Un poids était sur sa poitrine haletante, mais elle ne le sentait point, tant elle avait de joie.

Diane, Cyprienne, Blanche ! pauvres enfants perdues et retrouvées, qui riaient et qui pleuraient sur son sein.