Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

yeux noirs brillants et bien ouverts avaient un regard étrange… On avait été longtemps avant de savoir qu’elle était aveugle.

La chronique ajoutait : à force de pleurer.

Elle était encore belle, en ce temps-là. Sa taille fière se drapait dans des vêtements usés qui n’étaient point ceux d’une Française ; ses cheveux sombres, où pas un poil blanc ne se montrait, s’enveloppaient dans une vieille mousseline, toujours propre, dont les bouts longs et larges flottaient derrière ses épaules et retombaient jusqu’à ses pieds.

On lui avait vu, le premier mois, des boucles d’oreilles de dimension inusitée, toutes rondes et armaturées par des S en or. Le Poussah, au premier terme échu, l’en avait débarrassée.

Aujourd’hui, les pauvres gens du trou Donon la regardaient du coin de l’œil st se disaient :

— La voilà au bout de son rouleau.

D’autres répondaient.

— Savoir ! il y a du monde à l’hôtel de Sampierre. La princesse Charlotte est revenue de la campagne ; la Tartare aurait encore chance de payer son terme, si elle n’avait pas tant d’orgueil.

— Mais la princesse Charlotte n’est pas avertie et la Tartare a trop d’orgueil.

— Et c’est demain le dernier délai : à midi, le Poussali les mettra dehors !

Ces paroles étaient échangées sans plaisir ni peine. Il faut bien causer à la promenade.

Celle qu’on appelait la Tartare ne les entendait pas.