Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment. En désespoir de cause et voyant que l’eau ne venait pas au moulin, elle s’était déterminée à épouser cet innocent de Laurent, lorsque le hasard mit entre ses mains, entre les mains de son Strozzi plutôt, un secret qui pourrait mener loin… Je dis très-loin, M. le marquis de Sampierre et même, c’est mon humble opinion, le jeune comte Giambattista Pernola, son conseiller privé. Hein ? quelle drôle de chose que la mémoire !

Je ne vous avais pas revu depuis Milan, où nous avions eu des rapports assez agréables pour l’affaire de la cathédrale. Comment les Strozzi étaient mêlés à l’histoire de l’hôtel Paléologue à Paris je n’en ai jamais rien su, — à moins toutefois que mon meilleur ami, un certain François Preux ne les eût informés. Ah ! le gros coquin ! Les Strozzi menacèrent et ils firent bien. J’étais là quand vous eûtes l’obligeance de leur apporter soixante beaux billets de banque, de la part du noble marquis, apprenti accoucheur, et j’espérais bien en avoir ma part. Je l’avais gagnée.

Le mariage de la somnambule était fixé au surlendemain. Laurent de Tréglave s’était, ma foi, brouillé avec toute sa famille pour arriver à ce beau résultat, mais la vue des trois mille louis changea brusquement les idées de Laura-Maria. Elle déclara à son Strozzi que l’argent était à elle, comme fille de Paléologue, et qu’elle prétendait s’en faire honneur à son idée.

On vivait assez bien dans ce ménage de polichinelle ; je ne m’y déplaisais pas trop. C’était très-décent devant le monde et très-gai quand le monde était parti. Mais, ce