gandin serait à six pouces du couteau. Et pas de parade possible ! Et on n’aurait plus qu’à ramasser la montre au fond du fossé.
Tout ceci fut scandé par tranches de trois mots que ponctuait un souffle de chaudière à vapeur. Il n’y avait pas une ombre d’émotion dans le regard ni dans l’accent du Poussah.
Fiquet avait les sourcils froncés et semblait réfléchir.
— Qu’est-ce qu’il vous a fait, ce petit-là, papa ? demanda-t-il brusquement.
— Rien.
— Qu’est-ce qu’on vous donne pour faire la fin de lui ?
— Néant.
— Alors, pourquoi lui envoyez-vous un coup de couteau ?
Le Poussah se mit à rire.
— Je suis un peu trop dodu, c’est vrai, dit-il, pendant que sa terrible gaîté secouait cent vingt-cinq kilo grammes de chair, le fauteuil et la table, mais je ne compte encore que quarante-huit printemps. Ce n’est pas l’âge de renoncer à plaire. La princesse du parc m’a peut-être donné dans l’œil… Mais ne plaisantons pas ; la gaîté a le don de m’étouffer. Je t’ai dit ça parce qu’il n’y a pas de danger que tu mordes, fanfan ! tu es poltron comme les poules et tu ne t’attaquerais pas à un lapin !
— Eh bien ! sacrebleu ! s’écria Fiquet, c’est ce qui vous trompe, je prends à faire ! Amenez les dix louis et je vous apporte le gage, aussi vrai que nous sommes deux amis !