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Qui l’avait battue, du moins, beaucoup et longtemps, jusqu’à un certain jour où la petite, sans récriminer ni se plaindre, le mordit d’un coup de stylet entre les deux yeux.

Le docteur garda la cicatrice toute sa vie et ne battit plus jamais.

À l’époque du mariage de Domenica et de M. le marquis de Sampierre, Laura et son docteur Strozzi donnaient des consultations à Paris où la beauté remarquable de la jeune somnambule commençait à produire son effet.

Depuis lors M. et Mme de Sampierre voyageaient.

Strozzi abandonna son cabinet et se mit à voyager aussi, les suivant pas à pas avec sa pupille.

M. de Sampierre, véritable marquis de Carabas, avait son palais dans chaque ville principale d’Italie.

Les Strozzi, eux, logeaient partout à l’auberge.

Mais au bout de quelques jours invariablement, un bruit naissait qui établissait de mystérieux rapports entre le palais de M. de Sampierre et l’auberge des Strozzi.

On disait que l’opulente marquise et la pauvre somnambule avaient dans leurs veines le même illustre sang, et que, de fait, sinon de droit, cette belle Laura-Maria était aussi une princesse Paléologue.

Un peu plus de deux ans après l’étrange cérémonie que nous avons décrite aux premières lignes de ce prologue vers la fin d’août 1846, les Sampierre et Strozzi étaient à Milan ; les Sampierre installés royalement au palais Sampietri, avec leurs nombreux domestiques et