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Il avait baissé la voix pour faire cette demande.

Mlle d’Aleix répondit tout haut :

— Mon cousin, vous prévenez mon désir, j’allais vous adresser la même requête. Demain, à l’heure où Mme la marquise entend la messe aux Missions-Étrangères, nous nous rencontrerons, s’il vous plaît, au salon. J’ai quelque chose de particulier à vous communiquer.

— Je serai là ? dit Savta avec un point d’interrogation.

— Non, ma bonne, repartit Mlle d’Aleix gravement. M. le comte et moi nous tenons à être seuls.

Elle salua de la main et prit le chemin de son appartement, pendant que Pernola restait tout pensif au milieu du vestibule.

Une fois dans sa chambre, Charlotte d’Aleix envoya Savta au salon présenter ses excuses à la marquise Domenica, sa « petite maman, » et se débarrassa également de sa femme de chambre, sous prétexte de fatigue.

Elle ne mentait point : il y avait en elle une lassitude profonde, mais en même temps une étrange excitation.

Elle se laissa tomber sur un fauteuil devant son secrétaire dont la tablette était baissée.

Il y avait sur son visage à la beauté douce mais vaillante une pensée tellement absorbante que vous l’eussiez prise pour une somnambule pétrifiée par la catalepsie.

Elle resta un instant immobile, raide, silencieuse, le