Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fossé un homme était couché, portant à la tempe droite une horrible blessure.

L’homme était mort déjà depuis longtemps.

On l’avait trouvé froid et rigide, accroché par sa plaie même à une tige de fer qui sortait des moellons au fond de ce trou que le maçon de l’hôtel de Sampierre était venu visiter la veille et qu’il devait boucher le lendemain.

Toute chose ici-bas a sa raison d’être. La guérite, pour employer la désignation choisie par le Poussah quand il avait indiqué une bonne place d’embuscade à Fiquet, n’était pas un premier symptôme de ruine naturelle, attaquant le mur de Mme la marquise.

Le mur était partout ailleurs sain et robuste.

Il y avait ici démolition, opérée de main d’homme, mais accidentellement.

La démolition, avait eu pour agent un fort levier de fer, enfoncé dans la paroi intérieure de la muraille à coups de maillet pour servir de faîte à une cage où le jardinier réfugiait son poulailler privé. La pointe du levier, en pénétrant dans le mur, avait rencontré un large moellon qui, faisant résistance, avait entraîné une portion de la maçonnerie, au dehors.

En dedans, du côté du jardin, tout était intact.

Des mois et des années avaient passé depuis lors. La chute successive des décombres avait ouvert davantage la guérite.

Et au fond de la guérite, la pointe du levier restait comme un de ces clous qui transpercent une cloison trop mince.