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La chambre à coucher, arrangée avec coquetterie, semblait sortir des mains du tapissier. L’ameublement, tout parisien, brillait de fraîcheur. Il y avait une alcôve au devant de laquelle les rideaux fermés tombaient avec les plis du neuf et comme si les embrasses ne les avaient encore jamais relevés.

Vous connaissez Mœris et Moffray qui portent les nos 2 et 3.

Le no 4, Donat, dit mylord serait une manière d’Antinoüs sans une légère déviation du cou qui lui a valu son second sobriquet : Torticolis. Même étant donné ce défaut, c’est encore un beau gars avec sa figure toute pâle, coiffée d’une profusion de cheveux blonds. Son aspect est froid, son regard est très doux, mais hardi par moments, jusqu’à faire frayeur. Ce n’est vraiment pas le premier venu.

C’est à peine s’il a l’accent de Londres ; ses mains ne sont point celles d’un ouvrier.

Entre Moffray, le Mercadet tombé plus bas que les trottoirs et ce faux métis de la Savane, Mœris, qui se fait une tête avec les rocamboles du capitaine Mayne Reid, ce petit drôle de Mylord a presque l’air de quelqu’un.

Tous les trois regardèrent la chambre.

— Ce n’est pas mal, ici, dit Moffray. Vicomte, tu étais bien logé.

Mœris caressait sa barbe redoutable avec mélancolie.

— Avoir presque conquis le nouveau monde, murmura-t-il, et regretter de pareilles bagatelles !

— Ma parole ! reprit Moffray, ce métier de voleur à