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né du dévouement absolu que vous aviez pour votre frère.

Le hasard de vos entreprises vous séparait tous les deux de temps en temps. Ainsi, au commencement de 1862, vous faisiez partie, Édouard et vous, d’un groupe de laveurs d’or qui opérait avec succès à la frontière ouest de la Sonora, tandis que votre frère s’était joint depuis plusieurs mois à un autre parti d’aventuriers pour tenter un voyage de découverte.

Au mois de cette même année, vous reçûtes la visite de trois Indiens Sioux apportant un message qui vous disait :

« La fortune est trouvée, venez avec Édouard, je vous attends ».

Vous aviez reconnu la main de votre frère et la marque qui, entre vous, remplaçait la signature.

Une heure après, Édouard et vous vous étiez à cheval. Le message du vicomte Jean vous donnait la route à suivre. Après six jours de voyage, vous arrivâtes au lieu indiqué, sur les bords du Rio-Colorado, non loin de la ville morte que les Aztecs nommaient l’Arche de Grande Lumière.

Là, vous trouvâtes les débris d’un établissement récemment incendié et un cadavre pendu à la branche d’un cèdre-acajou.

— Jean ! balbutia Blunt dans un sanglot, mon vaillant, mon noble frère !

— Ce qui s’était passé, le savez-vous ?

— Le parti auquel s’était joint mon frère, répondit le capitaine, était tombé sur un placer vierge et avait ras-