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— Domenica, je ne veux pas avoir de secret pour vous.

— Oh ! chère enfant ! chère enfant ! s’écria la marquise en se jetant à son cou, le bonheur me vient puis que je vous ai trouvée ! Avec mon Domenico, vous êtes ce que j’aime le mieux au monde !

— Et votre Carlotta ? fit Laure dont la belle bouche eut de nouveau son sourire.

— Et Carlotta, bien entendu, répéta la marquise, je n’oublie pas ma chère fillette. Mon fils l’aimera. J’aurai deux enfants !

Laure, qui semblait rêver, pensa tout haut :

— C’est bien vrai, ce serait le bonheur.

— La seconde fois que vous m’avez parlé de lui, continua la marquise c’était chez vous, à la place même où nous sommes. Vous aviez encore cet air singulier qui transforme votre beauté et fait de vous une autre femme.

Quand je vous embrassai en entrant, vous me dîtes :

« Je dors », comme cela, de but en blanc.

— Ah ! fit la baronne. Et l’autre fois, à Carlsbad, je ne vous avais pas dit : « Je dors ? »

— Non. J’oubliais un détail. À la porte, Hély m’avait dit : « Madame la baronne n’y est pour personne, mais elle attend madame la marquise. » Je dois vous affirmer que vous ne pouviez être instruite de ma venue, puisque j’étais entrée chez vous par hasard, tout à fait en passant.

Laure ne répondit pas.

— Et alors, demanda la marquise, vous ne vous souvenez pas de tout cela ?