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distingua les profils d’un cavalier de grande taille, dissimulé dans l’ombre d’un pilier, dans la nef transversale où est le tombeau de Médicis.

C’était un beau jeune homme et un solide gaillard. L’élégante sévérité de sa mise le dénonçait français. Il attendait, adossé au marbre de la colonne et semblait rêver. Il était immobile comme une statue.

Pernola sourit, mais non point dans sa barbe, car il avait la joue plus lisse que Ganymède. Il garda pour lui la satisfaction sincère qu’il éprouvait en reconnaissant que ce beau cavalier était bien le vicomte Jean de Tréglave.

Mais il fallait deux personnages pour la comédie complotée. La dame manquait encore.

— Je n’ai rien vu, dit M. de Sampierre, et vous ?

Pernola répondit :

— Je vous l’avais dit d’avance, j’étais certain de ne rien voir.

M. de Sampierre l’eût embrassé de bon cœur.

— Me voilà qui espère malgré moi… commença-t-il.

— Vous savez, interrompit Pernola, je tiens toujours mon pari. J’ai foi aux anges, moi !…

Il s’arrêta si brusquement que le marquis eut un choc.

Une femme sortait de l’ombre qui emplissait le bas-côté. Sa démarche était timide et toute gracieuse. Un voile épais lui couvrait le visage. Elle portait une de ces robes chiffonnées à la parisienne et qui se reconnaissent si bien, surtout quand on est loin de Paris. La robe