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— Vous éveiller, ma petite ! dit-elle. Vous n’y songez pas ? je veux bien ne pas être rude avec vous, parce que je vous aime beaucoup, mais je vous tiens et je vous garde. Reposons-nous, si vous voulez, j’ai du temps devant moi : nous allons faire un petit entr’acte.

Elle visa le front de Laure avec la paume de sa main ouverte qui s’agita doucement : ainsi font mesdames les écuyères du cirque essayant des caresses calmantes sur le garrot de leur cheval, après le saut manqué des couronnes.

— Mon influence vous fait déjà du bien, n’est-ce pas ? reprit-elle. J’ai une quantité considérable de fluide, et il est de première qualité. Tout à l’heure, je ne me suis pas vantée de cela, mais rien de ce que je viens de voir ne m’a étonnée. J’en sais long, ma chère belle, laissez-moi faire, vous êtes en bonnes mains.

Sous l’action bienfaisante du fluide première qualité, Laure put fermer ses paupières et s’appuyer au dossier de son fauteuil. Le sourire de Domenica s’élargit.

— J’en étais sûre ! murmura-t-elle. Je pourrais me faire payer comme les autres. Êtes-vous remise, mon ange ?

Laure ne répondit que par un signe de tête imperceptible, et qui semblait signifier : « Attendez. »

— Bien, ma petite. Nous ne sommes pas à l’heure. Au moins ne croyez pas que je sois mécontente de vous ; ces esprits sont tous des espiègles, et le vôtre vous a, bien sûr, joué un méchant tour. Pendant que vous soufflez, je vais vous dire l’idée qui m’est venue : je crois qu’il la jugera délicate. Comme il est décédé et que