— Mais que m’avez-vous donc fait ? s’écria-t-elle en sentant sur ses épaules les boucles de ses cheveux épars. Pourquoi m’avez-vous décoiffée ?
Elle se regarda vivement dans la glace et s’écria en éclatant de rire :
— Bien sûr que j’aurai été méchante et que vous m’aurez battue !
Ses yeux rencontrèrent la pendule ; elle ajouta, sincèrement étonnée :
— Une heure de l’après midi ! et je ne suis pas encore habillée ! je vais vous demander ma liberté, chère Madame… Quand je reviens de l’autre monde, je ne sais plus trop où je suis. Est-ce bien aujourd’hui que nous dansons à l’hôtel de Sampierre ?
— Oui, répondit Domenica dont l’émotion contrastait avec cette gaieté, c’est aujourd’hui. Et si vous saviez, ma chère enfant, si je pouvais vous dire…
— Quoi donc ? fit la charmante baronne dont les yeux brillaient de curiosité.
— Vous m’avez défendu, répliqua la marquise, de vous révéler vos propres secrets.
Le sourire de Laure s’imprégna de mélancolie.
— Faites donc comme il vous a été ordonné, dit-elle, et à ce soir.