Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/147

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Quant à mon soldat, il s’appelle Jabain. C’est un bon sujet. Donnez l’ordre qu’on le fasse entrer s’il sonne à votre grille, car il pourrait bien vous apporter des nouvelles aujourd’hui.

— C’est bien dit Charlotte en faisant signe à Savta, qui se leva précipitamment et ne fit qu’un saut jusqu’au seuil.

Le Poussah eut un gros rire.

— La voilà partie ! s’écria-t-il en contenant ses énormes flancs. Je ne lui fais pas l’effet d’un amour, savez-vous ?… Nous deux, c’est différent : nous nous connaissons depuis… depuis… voyons, quel âge avez-vous bien, princesse ?

— Dix-neuf ans, répondit Charlotte qui gagnait la porte.

— C’est ça, alors ? nous nous connaissons depuis dix-neuf ans… juste !

Charlotte se retourna vivement, une question aux lèvres.

— Non, non, fit le Poussah, je ne causerai pas maintenant ! j’ai trop d’ouvrage, mais je vous promets que vous en aurez pour votre argent. C’est gentil de retrouver un témoin de son baptême, eh ?… N’oubliez pas de dire qu’on ouvre à mon soldat… Jabain (Émile) : un bon sujet ! Et si vous aviez absolument besoin de moi, à dater de midi, envoyez un exprès à Ville-d’Avray, maison de Mme Marion. La belle amie à qui je vais rendre visite porte ce nom-là… à Ville-d’Avray. Ailleurs, dame… à vous revoir, princesse !