Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/165

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en Allemagne, en Irlande et en France. Ce n’est pas comme chez vous où le fonds manque : ici le fonds abonde, il est inépuisable. L’argent que la charité intelligente et résolue répandrait sur le sol de ces lieux d’exil où le désespoir s’éteint dans le blasphème rendrait la plus merveilleuse des moissons : il en naîtrait un peuple !

— Vous êtes bon ! pensa tout haut Charlotte, et vous êtes grand.

— Oh ! s’écria Édouard en rougissant de plaisir : L’idée n’est pas de moi ; tout ce que j’ai m’a été donné par mes deux pères… Mais c’est vous qui êtes bonne de comprendre cela. Chaque fois que j’en ai parlé, on m’a ri au nez sans miséricorde !… Qu’avez-vous donc, Charlotte ?

Il la regarda avec un étonnement effrayé : il avait senti la main de la jeune fille se glacer entre les siennes.

Un flux de rouge remplaçait la belle pâleur de Mlle d’Aleix. Elle eut comme un sanglot, puis ses joues se décolorèrent, pendant que ces paroles tombaient de sa lèvre frémissante :

— Je ne peux vivre ainsi ! Je veux savoir ! Vous aimez cette femme… Je vous en prie, ne me trompez pas ! Ce qui tue c’est l’incertitude !