Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/182

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miers. La berline qui devait amener bientôt M. le marquis de Sampierre était encore en route.

Le soleil de midi entrait en plein par les deux fenêtres ouvertes sur les massifs. Tout était lumière entre ces boiseries blanches, vêtues de draperies perlées.

— C’est propre, dit encore Mlle d’Aleix : je fais le ménage moi-même tous les jours. Jamais je n’y manque. D’ailleurs, Lorenzin et Zonza, les valets de Pernola, sont venus ce matin.

Puis elle ajouta :

— C’est ici que Roland-Maria Sampiétri, comte de Sampierre, a vécu et qu’il est mort, la veille du jour où il aurait atteint sa vingtième année.

D’un geste involontaire Édouard Blunt se découvrit.

Charlotte le prit par la main et le conduisit jusqu’au milieu de la chambre.

Elle l’arrêta en face de la glace.

Du doigt, elle lui montra l’un après l’autre ces étranges portraits que nous avons décrits déjà et qui semblaient jetés sur la toile par la main d’un apprenti, doué de je ne sais quelle puissance mystérieuse, créant naïvement, grossièrement même, mais énergiquement la vérité et la vie.

Charlotte dit :

— Voici votre mère.

Édouard regarda sans parler.

Il était pâle, et son cœur battait avec violence.

Charlotte souleva le voile noir qui couvrait le second portrait, et poursuivit :